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Le blog des Bactéries et de l'Evolution

Sevrage

3 Février 2008 , Rédigé par Benjamin Publié dans #Bacterioblog

Pour ce billet léger du dimanche, je vous propose le récit de ma semaine, et plus particulièrement de mon premier sevrage caféinesque (non définitif, heureusement).

Jour 0 : lundi fut une journée quelque peu éprouvante, et comme il est d'usage dans la profession, caféinée au-delà du raisonnable. Après avoir bu expresso sur expresso pendant toute la journée, j'ai pu observer les conséquences de ce régime sur mon organisme: rythme cardiaque élevé, surexcitation, teint gris puisque le café avait fini par remplacer le sang dans tout mon corps et se réfugier dans les poches sous mes yeux... J'en étais au point d'éprouver l'envie d'une petite tasse de plus, tasse qui avait pour effet de m'apaiser, comme si elle comblait une sensation de manque. Même si la caféine a des effets tout à fait inattendus, je ne me hasarderai pas à faire le bilan toxicologique/addictologique de cette journée, il devait y avoir une grande part de psychologie et de fatigue. Avoir l'impression de tenir debout uniquement grâce à la pression hydrostatique du café dans mes veines me suffit. Le soir même, je décide "juste pour voir" d'arrêter le café pendant une semaine.

Jour 1 : journée de laboratoire ordinaire. C'est plus dur que je pensais. Je ne crois pas avoir éprouvé une sensation de manque physique, mais l'habitude est une seconde nature. Le café fait partie des rituels quotidiens au laboratoire : il y a le petit café de 10h, quand on a lancé ses manips et qu'on s'octroie cinq minutes pour relever ses mails. Il y a bien sûr le café post-prandial, après le déjeuner. Sans oublier le petit café "coup de pouce" quand on éprouve le passage à vide de 16h. Il est d'autant plus difficile d'echapper à ses habitudes que tout le monde autour de vous les partage... Je commence à apprécier ce qu'on appelle la "dépendance psychologique" pour les fumeurs: ce qui me manque, c'est le geste, l'habitude de me faire mon petit expresso. Autre observation intéressante : je suis mou toute la journée.

Jour 2 : journée de formation, qui comprend deux pauses pendant lesquelles tout le monde prend un café machine, sauf moi. Le midi, restaurant italien: au moment du café, je ressens ce que doit éprouver un fumeur quand tout le monde autour de lui allume une cigarette à la même seconde. Ce café-là sent bon, il est bien chaud et bien serré... pas de doute, les italiens savent s'y prendre... arrière, Satan! Il n'y a peut-être aucun rapport, mais épuisé, je me couche tôt (21h30), ce qui ne m'arrive jamais sans raison valable.

Jour 3 : Forcément, en se couchant tôt, on se lève tôt. Pas de copieux petit déjeuner pour tuer le temps (une tentation de moins), caar une prise de sang m'attendait ce matin-là. Une prise de sang? Oui! Un contrôle de routine est organisé pour les gens comme moi dont le métier est de mélanger des microorganismes infectieux avec des poisons violents. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai une santé de Deinococcus. Que faire alors? Dernier recours, aller au labo! Là encore, me lever très tôt et aller au labo très tôt ne sont pas des choses que je ferais spontanément, en-dehors de toute contrainte... La prise de sang finit par arriver, je peux alors m'offrir un petit-déjeuner. A la boulangerie du coin, j'achète deux sablés nature fort appétissants. Voilà qui sera parfait avec un caf... rhaaa!

Jour 4 : je me lève à une heure plus raisonnable. J'évite les pièges classiques du laboratoire. Il n'y a aucune frustration en moi, je reste calme. Si calme qu'on pourrait me trouver somnolent.

Jour 5 : ma cafetière m'a parlé!

Jour 6 : c'est le week-end. Je suis seul chez moi, j'ai du boulot, mais je tiens bon. Le thé ça ne compte pas.

Mon récit s'arrête ici, sinon ce ne serait plus un billet-léger-du-dimanche. Il vous faudra me faire confiance pour m'abstenir une journée encore. Détail cocasse, cette journée sera à peu près l'équivalent du lundi précédent, une sorte de test ultime. En supposant que tout se passe bien demain et en attendant avec impatience mon premier café de mardi, je peux tirer quelques conclusions de cette expérience : les habitudes (éventuellement collectives) sont bien plus contraignantes que je ne l'imaginais, surtout au moment de m'en affranchir, mais une semaine sans café dans le monde de la recherche, c'est possible! Heureusement qu'il reste l'autre, le c@fé des sciences, pour occuper la pause de 10h...
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B
Merci Faustine pour ton soutien, mais il n'est plus nécessaire. Je croupis à nouveau dans ma dépendance et dans la caféine. Observation au passage : le thé c'est vraiment la méthadone du caféinomane.Je suis content d'apprendre que tu as la forme! enfin, pas pour tes élèves ;-)
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U
tiens, salut faustine !!
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F
Tiens bon ! J'ai moi meme remplacé le café court sucré de la salle des profs pour un thé à la menthe bouillasse de la machine à café de la salle des profs ... Par contre, l'odeur de café dans un gradn mug le matin, c'est le seul moyen d'ouvrir les 2 yeux en mm temps, alors déca le matin. Résultat : j'ai plus le coeur qui s'emballe, j'ai plus de vertiges à 15h au bout de mon 5ème café !Point négatif : il parait que je parle encore plus et que je suis "en forme" dixit mes collègues :o)Allez, bon courage, je compatis, tiens moi au courant ! :o)
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L
J'espère que mardi tu te munieras d'un fer à cheval pour réaliser la fameuse recette du café de Lucky Luke et rattraper toute cette bonne caféine perdue..
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