Deinococcus radiodurans, "Conan la bactérie".
Deinococcus radiodurans est sans doute l'une des plus belles surprises de la Microbiologie, preuve que dans ce domaine, qui cherche trouve. Cette bactérie a été isolée pour la première fois en 1956 dans une conserve de viande qui avait été irradiée à des fins de stérilisation. La bactérie a survécu, proliféré et gâté la viande. Il est assez inquiétant de songer qu'il n'y a qu'un pas de l'irradiation de la viande (tiens, j'en reparlerai bientôt) à celle des instruments chirurgicaux (devinez qui fait la viande).
C'est donc une petite leçon d'évolution, de ne pas se focalliser sur ce que nous voyons de plus spectaculaire pour faire de l'adaptationnisme ("toutes les fonctions observées sont le produit de la sélection naturelle, donc sont utiles à l'organisme"). En effet, il arrive fréquemment qu'une propriété soit la conséquence d'une autre, un "by-product". Ici, une importante résistance à la radioactivité provient d'un mécanisme sophistiqué de réparation de l'ADN, selectionné pour la résistance à la dessication qu'il confère.
Il ne s'agit pas seulement d'une curiosité scientifique : il est en théorie possible de transmettre à cette bactérie des potentialités métaboliques pour dépolluer des sols radiocontaminés, par exemple à partir d'autres souches pouvant réduire donc précipiter les métaux (ce que D. radiodurans sait faire en partie). Come elle résiste notamment au froid, elle pourrait servir, disons, en Ukraine. Vous me direz sans doute que j'extrapole, mais une mise au point suivant ce principe a déjà été réalisée (voir l'article) pour dégrader des polluants organiques dans un milieu riche en radioéléments, ce qui, paraît-il, arrive fréquemment (à cause des méthodes d'extraction?). D'autres travaux ont abouti depuis à une bactérie radiorésistante qui peut en milieu radioactif réduire le mercure ionique en une forme moins toxique. Il n'aura echappé à personne que de telles méthodes impliquent de confier une tâche à un OGM en pleine nature, ou au mieux, dans une usine de traitement, donc prudence. Pendant que j'y suis, ces OGM, qui existent bel et bien, comptent parmi les OGM utiles dont l'existence est souvent niée (ce qui ne veut pas dire que personne ne fera de profits avec).
Deinococcus a donc été soigneusement étudiée depuis (avec notamment le séquençage de son génome en 1999): elle résiste (facile) à 5000 fois plus de radioactivité et 10 000 fois plus de rayonnement ultra-violet que nous, par exemple. Elle survit également et sans trop de problème au froid (-45°C, bien froid), à la chaleur, au vide, à l'acide concentré... autant de particularités qui lui ont valu le (presque) sérieux surnom de "Conan la bactérie".
Mais pourquoi Deinococcus résiste-t-elle aux radiations? Ce n'est certainement pas par hasard ni par plaisir! Une explication évolutionniste basique avancerait la sélection de la radiorésistance au cours de l'évolution ; heureusement pour nous et malheureusement pour l'explication, de telles doses n'existent pas sur Terre, et Deinococcus est une bactérie plutôt ubiquitaire. En réalité, la plupart des agents auxquels Deinococcus résiste ont un point commun : ils endommagent l'ADN, et effectivement, cette bactérie peut endurer sans conséquences de très nombreuses cassures de son matériel génétique (grâce à un système sur lequel il y aurait beaucoup à dire). Pour cette raison, elle résiste également à la dessication, évènement endommageant l'ADN, fréquent dans la nature et qui aurait donc sélectionné un tel système. C'est donc une petite leçon d'évolution, de ne pas se focalliser sur ce que nous voyons de plus spectaculaire pour faire de l'adaptationnisme ("toutes les fonctions observées sont le produit de la sélection naturelle, donc sont utiles à l'organisme"). En effet, il arrive fréquemment qu'une propriété soit la conséquence d'une autre, un "by-product". Ici, une importante résistance à la radioactivité provient d'un mécanisme sophistiqué de réparation de l'ADN, selectionné pour la résistance à la dessication qu'il confère.
Il ne s'agit pas seulement d'une curiosité scientifique : il est en théorie possible de transmettre à cette bactérie des potentialités métaboliques pour dépolluer des sols radiocontaminés, par exemple à partir d'autres souches pouvant réduire donc précipiter les métaux (ce que D. radiodurans sait faire en partie). Come elle résiste notamment au froid, elle pourrait servir, disons, en Ukraine. Vous me direz sans doute que j'extrapole, mais une mise au point suivant ce principe a déjà été réalisée (voir l'article) pour dégrader des polluants organiques dans un milieu riche en radioéléments, ce qui, paraît-il, arrive fréquemment (à cause des méthodes d'extraction?). D'autres travaux ont abouti depuis à une bactérie radiorésistante qui peut en milieu radioactif réduire le mercure ionique en une forme moins toxique. Il n'aura echappé à personne que de telles méthodes impliquent de confier une tâche à un OGM en pleine nature, ou au mieux, dans une usine de traitement, donc prudence. Pendant que j'y suis, ces OGM, qui existent bel et bien, comptent parmi les OGM utiles dont l'existence est souvent niée (ce qui ne veut pas dire que personne ne fera de profits avec).
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