Marcher sur la tête, oui, mais avec un carburant innovant
Vous savez déjà que pour des raisons tant économiques qu'environnementales, les carburants à base d'énergies fossiles (essence et ce bon vieux gasoil) deviennent indésirables dans nos moteurs. Certes, mais nos moteurs sont bien là, chers à remplacer, et nous en avons besoin pour aller travailler, faire nos courses, silloner le département du Nord et bien d'autres choses devenues coutumières après la seconde guerre mondiale. Une solution de choix est donc de les faire fonctionner avec un carburant qui ne serait pas fossile, comme un biocarburant: une fraction d'éthanol dans l'essence, ou du diester de colza qui remplacerait totalement le gasoil dans les moteurs diesel modernes.
Il semble qu'un homme d'affaire norvégien, Lauri Venoy, ait l'imagination beaucoup moins étriquée: son projet consiste à faire du biocarburant pour moteur diesel à base de... graisse humaine, elle-même issue de la liposuccion. Il s'agit d'une opération mécaniquement assez simple qui consiste à aspirer la graisse superflue (sluuuuuuuurp) et qui est devenue l'intervention de chirurgie plastique la plus fréquente dans le monde. Vous allez être étonnés, mais ce projet est pour l'instant basé aux Etats Unis, pour des raisons évidentes de matière première.
J'ai déjà entendu l'objection "les volumes sont ridicules, ça ne marchera jamais"... mais un seul hôpital semble en mesure de fournir 11 500 litres de graisse par semaine (!!!), soit 10 000 litres de biodiesel. Avec 323 000 liposuccions en 2006 (qui en général n'ont pas été pratiquées pour rien, et donnent en moyenne 5kg de graisse, soit un peu plus de 5 litres), les volumes sont réellement considérables. Un bloggeur américain écrit avec humour: "This could be for the Goth movement what soybean oil was for the hippie movement. I can see the sticker now on the VW Jetta: 100% powered by Human Fat." Il pourrait même devenir incivique d'être mince!
Je suis résolument contre ce projet, pour plusieurs raisons, techniques, sanitaires et éthiques. Si je ne disais pas pourquoi, autant lire Métro, où j'ai trouvé cette information, et pas ce billet. Premièrement, baser une activité économique sur un pis-aller du système médical ne peut être sain: si l'on lie la liposuccion à un bénéfice économique, comment lutter contre les causes de l'obésité plutôt que contre ses symptômes? Sans parler des risques sanitaires, de mettre en circulation du sang humain et des cellules adipeuses dans lesquelles on sait maintenant que se développe la tuberculose... Deuxièmement, cette graisse humaine a souvent une origine animale (au hasard la viande de boeuf); elle est donc le résultat de nombreuses conversions chimiques au rendement très inférieur à 1. Donc d'un point de vue énergétique, il serait bien plus rentable d'ôter le pain de la bouche des surchargés pondéralement (et de les mettre dans des roues avec de grosses dynamos), de ne pas élever le boeuf correspondant au steak haché entre les deux tranches du susdit pain, enfin, à la place du maïs ayant nourri le boeuf, de cultiver du colza pour faire du biodiesel. Ces arguments ne tiennent que si la liposuccion est évitable; voici donc venir les derrniers arguments éthiques. A qui appartient la graisse obtenue? au malade qui a payé la nourriture, à l'hôpital qui l'a extraite? Enfin et surtout, nous voici en marche vers une instrumentalisation croissante du corps humain, ce qui n'est pas pour me réjouir. Nous verrons certainement des tordus pour faire du savon avec cette graisse, comme dans Fight Club, ou encore la manger... Je trouve que cette graisse est bien là où elle est, dans les incinérateurs des hôpitaux , avant que certains s'avisent de faire des bêtises avec. Faire de l'énergie avec le corps humain? comme dans Matrix? Je préfère encore le pétrole...
Vous l'aurez compris, je caresse donc l'espoir que ce projet ne voie jamais le jour, soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons légales. Il semble que ce ne soit pas un canular (j'ai vérifié sur hoaxbuster, en vain).
Il semble qu'un homme d'affaire norvégien, Lauri Venoy, ait l'imagination beaucoup moins étriquée: son projet consiste à faire du biocarburant pour moteur diesel à base de... graisse humaine, elle-même issue de la liposuccion. Il s'agit d'une opération mécaniquement assez simple qui consiste à aspirer la graisse superflue (sluuuuuuuurp) et qui est devenue l'intervention de chirurgie plastique la plus fréquente dans le monde. Vous allez être étonnés, mais ce projet est pour l'instant basé aux Etats Unis, pour des raisons évidentes de matière première.
J'ai déjà entendu l'objection "les volumes sont ridicules, ça ne marchera jamais"... mais un seul hôpital semble en mesure de fournir 11 500 litres de graisse par semaine (!!!), soit 10 000 litres de biodiesel. Avec 323 000 liposuccions en 2006 (qui en général n'ont pas été pratiquées pour rien, et donnent en moyenne 5kg de graisse, soit un peu plus de 5 litres), les volumes sont réellement considérables. Un bloggeur américain écrit avec humour: "This could be for the Goth movement what soybean oil was for the hippie movement. I can see the sticker now on the VW Jetta: 100% powered by Human Fat." Il pourrait même devenir incivique d'être mince!
Je suis résolument contre ce projet, pour plusieurs raisons, techniques, sanitaires et éthiques. Si je ne disais pas pourquoi, autant lire Métro, où j'ai trouvé cette information, et pas ce billet. Premièrement, baser une activité économique sur un pis-aller du système médical ne peut être sain: si l'on lie la liposuccion à un bénéfice économique, comment lutter contre les causes de l'obésité plutôt que contre ses symptômes? Sans parler des risques sanitaires, de mettre en circulation du sang humain et des cellules adipeuses dans lesquelles on sait maintenant que se développe la tuberculose... Deuxièmement, cette graisse humaine a souvent une origine animale (au hasard la viande de boeuf); elle est donc le résultat de nombreuses conversions chimiques au rendement très inférieur à 1. Donc d'un point de vue énergétique, il serait bien plus rentable d'ôter le pain de la bouche des surchargés pondéralement (et de les mettre dans des roues avec de grosses dynamos), de ne pas élever le boeuf correspondant au steak haché entre les deux tranches du susdit pain, enfin, à la place du maïs ayant nourri le boeuf, de cultiver du colza pour faire du biodiesel. Ces arguments ne tiennent que si la liposuccion est évitable; voici donc venir les derrniers arguments éthiques. A qui appartient la graisse obtenue? au malade qui a payé la nourriture, à l'hôpital qui l'a extraite? Enfin et surtout, nous voici en marche vers une instrumentalisation croissante du corps humain, ce qui n'est pas pour me réjouir. Nous verrons certainement des tordus pour faire du savon avec cette graisse, comme dans Fight Club, ou encore la manger... Je trouve que cette graisse est bien là où elle est, dans les incinérateurs des hôpitaux , avant que certains s'avisent de faire des bêtises avec. Faire de l'énergie avec le corps humain? comme dans Matrix? Je préfère encore le pétrole...
Vous l'aurez compris, je caresse donc l'espoir que ce projet ne voie jamais le jour, soit pour des raisons techniques, soit pour des raisons légales. Il semble que ce ne soit pas un canular (j'ai vérifié sur hoaxbuster, en vain).
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