A Boston comme à New York, soyez écologiques, buvez du Bordeaux
Avez-vous une idée de ce que représente cette ligne qui partage les Etats-Unis? Il s'agit de la limite (approximative) à l'est de laquelle l'achat d'une bouteille de vin de Bordeaux représente moins d'émission de CO2 que le vin Californien. En d'autres termes, si vous vivez dans l'Est des Etats Unis, que vous aimez le vin et vous préoccupez du changement climatique, dédaignez le vin californien pour un vin français. En plus, il est meilleur (qu'ouïs-je? moi, chauvin?).
Vous pouvez trouver l'étude originale ici (il ne s'agit pas à propement parler d'un article scientifique peer-reviewed). Les deux auteurs (dont un blogueur) ont évalué les quantités de CO2 émises lors de la vie d'une bouteille de vin, et se sont donc concentrés sur les causes directes d'émission de CO2: culture, fermentation et transport, sans oublier la fabrication des barriques, des bouteilles... L'exercice est assez subtil: par exemple, la photosynthèse de la vigne recapture l'équivalent du CO2 émis par la fermentation lors de l'année précédente; les sols des vignobles californiens étaient auparavant recouverts de forêts, et sont donc susceptibles de relâcher dans l'atmosphère le CO2 qu'ils ne peuvent plus séquestrer... Mais le facteur le plus important reste le transport. Armés de valeurs de référence pour chaque mode de transport (apparemment spécifiques aux USA, compte tenu des importantes émissions des trains), les auteurs ont chiffré les émissions dues à la distribution de différents vins ayant Chicago pour destination. Ainsi, une bouteille de chardonnay produite en Nouvelles Galles du Sud (Australie) "pèse" 3,44 kg de CO2, dont 2 kg pour le transport; un vin de Loire, 2,12 kg; un vin californien, 4,6 kg! C'est là que quelque chose me chiffonne. D'après les auteurs, ce dernier vin (le seul des trois à correspondre à un cas hypothétique) rentre dans un créneau commercial qui consiste à l'expédier en express par avion, ce qui ne me paraît pas obligatoire tout en étant très pénalisant environnementalement. Quoiqu'il en soit, si le même vin est expédié par camion à New York, il aura émis 2,6 kg de CO2, contre 1,8 kg pour un Bordeaux arrivé par bateau.
Pour finir, deux petites remarques tirée de l'article:
-plus le contenant est gros, moins le transport émet de CO2 par litre de vin. N'achetez donc pas de demi-bouteilles, préférez les magnums!
-en viticulture, la différence entre culture conventionnelle et culture biologique est minime du point de vue des émissions de gaz à effet de serre, contrairement aux grandes cultures.
Pour être honnête, l'idéal reste tout de même de se fournir chez un producteur local (s'il existe), de même qu'en France la consommation de fruits tropicaux est écologiquement déraisonnable. Pour être vraiment très honnête, l'idéal c'est boire de l'eau et manger de l'herbe. Sans moi.
Tout ceci peut vous sembler peu digne d'intérêt, mais ce travail représente à mon avis un bon exemple d'une pratique qui tend à se répandre, le calcul du "bilan carbone" d'un produit, ou encore de son "empreinte écologique". De plus en plus soucieux de l'environnement, les occidentaux deviennent friands de ces bilans qui leur indiquent comment consommer "vert". Je suis convaincu que même à consommation égale (ce qui n'est pas l'idéal écologique), ce genre d'information peut faire une différence appréciable dans notre impact sur l'environnement. Et comme le montre l'exemple du vin aux Etats Unis, les résultats de ces bilans sont parfois contre-intuitifs...

Vous pouvez trouver l'étude originale ici (il ne s'agit pas à propement parler d'un article scientifique peer-reviewed). Les deux auteurs (dont un blogueur) ont évalué les quantités de CO2 émises lors de la vie d'une bouteille de vin, et se sont donc concentrés sur les causes directes d'émission de CO2: culture, fermentation et transport, sans oublier la fabrication des barriques, des bouteilles... L'exercice est assez subtil: par exemple, la photosynthèse de la vigne recapture l'équivalent du CO2 émis par la fermentation lors de l'année précédente; les sols des vignobles californiens étaient auparavant recouverts de forêts, et sont donc susceptibles de relâcher dans l'atmosphère le CO2 qu'ils ne peuvent plus séquestrer... Mais le facteur le plus important reste le transport. Armés de valeurs de référence pour chaque mode de transport (apparemment spécifiques aux USA, compte tenu des importantes émissions des trains), les auteurs ont chiffré les émissions dues à la distribution de différents vins ayant Chicago pour destination. Ainsi, une bouteille de chardonnay produite en Nouvelles Galles du Sud (Australie) "pèse" 3,44 kg de CO2, dont 2 kg pour le transport; un vin de Loire, 2,12 kg; un vin californien, 4,6 kg! C'est là que quelque chose me chiffonne. D'après les auteurs, ce dernier vin (le seul des trois à correspondre à un cas hypothétique) rentre dans un créneau commercial qui consiste à l'expédier en express par avion, ce qui ne me paraît pas obligatoire tout en étant très pénalisant environnementalement. Quoiqu'il en soit, si le même vin est expédié par camion à New York, il aura émis 2,6 kg de CO2, contre 1,8 kg pour un Bordeaux arrivé par bateau.
Pour finir, deux petites remarques tirée de l'article:
-plus le contenant est gros, moins le transport émet de CO2 par litre de vin. N'achetez donc pas de demi-bouteilles, préférez les magnums!
-en viticulture, la différence entre culture conventionnelle et culture biologique est minime du point de vue des émissions de gaz à effet de serre, contrairement aux grandes cultures.
Pour être honnête, l'idéal reste tout de même de se fournir chez un producteur local (s'il existe), de même qu'en France la consommation de fruits tropicaux est écologiquement déraisonnable. Pour être vraiment très honnête, l'idéal c'est boire de l'eau et manger de l'herbe. Sans moi.
Tout ceci peut vous sembler peu digne d'intérêt, mais ce travail représente à mon avis un bon exemple d'une pratique qui tend à se répandre, le calcul du "bilan carbone" d'un produit, ou encore de son "empreinte écologique". De plus en plus soucieux de l'environnement, les occidentaux deviennent friands de ces bilans qui leur indiquent comment consommer "vert". Je suis convaincu que même à consommation égale (ce qui n'est pas l'idéal écologique), ce genre d'information peut faire une différence appréciable dans notre impact sur l'environnement. Et comme le montre l'exemple du vin aux Etats Unis, les résultats de ces bilans sont parfois contre-intuitifs...
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