Des microbes vieux de 220 millions d'années sous le microscope
Dans le film Jurassic Park, des moustiques piégés dans l’ambre, soit de la résine fossilisée, fournissaient l’ADN nécessaire à la résurrection des dinosaures. Certes extrapolé à l'extrême, ce scénario reposait toutefois sur des méthodes bien réelles de paléontologie. Dans le Nature sorti tout à l”heure, des scientifiques rapportent leur découverte d’un Triassic Park microbien1, vieux de 220 millions d’années. Je rappellerai seulement que le Trias constitue le premier système de l’ère secondaire ou mésozoïque (qui comprend le Jurassique et le Crétacé), et qu’à cette époque, les premiers dinosaures arpentaient la dernière Pangée, peut-être aux côtés des tout premiers mammifères.

Les chercheurs ont donc identifié les divers microbes retrouvés dans ces vieilles gouttelettes d’ambre, c’est-à-dire les microbes eucaryotes : protozoaires, algues et champignons microscopiques. Les bactéries, majoritaires, sont malheureusement trop petites et indifférenciées pour être systématiquement reconnues à l’état “fossile” ; les méthodes normalement utilisées reposent sur l’analyse du métabolisme, de quelques caractères structuraux (présence d’une paroi, capacité de former des spores) et de plus en plus, génétiques.
La conclusion principale de cet article est que les principaux types microbiens “modernes” étaient déjà présents à cette époque reculée, ce qui implique que ces espèces ont survécu à la crise Crétacé-Tertiaire (ce qui ne m’étonne pas, braves microbes!), que les mêmes chaînes alimentaires étaient en place, et que certaines amibes avaient déjà quitté le monde marin (en photo, une amibe contemporaine). On peut regretter avec eux l’impossibilité d’avoir un echantillon de sol fossile aussi bien conservé que l’ambre pour en analyser la microflore (mais peut me chaut, car on ne sait pas caractériser 99% des microorganismes d’un sol actuel). Je regrette également l’impossibilité d’accéder à l’information génétique de ces microbes, contrairement à Jurassic Park (ils ne disent pas avoir essayé, mais ça me paraît difficile)! Ce serait extrêmement fructueux, à la fois en termes d’identification systématique, mais aussi en termes d’évolution : y avait-il un opéron lactose2 au Trias, soit au moment de l'apparition des premiers mammifères?
Cet article de paléomicrobiologie méritait évidemment d’être publié, mais à mon humble avis il doit beaucoup à la chance d’avoir trouvé de l’ambre aussi ancienne, chance bien sûr exploitée par un travail certainement considérable et de qualité (microscopie électronique, identification…), mais par aucune réflexion innovante. Certes, je ne vais pas faire la fine bouche, je suis ravi de savoir que les capacités d’adaptation des microorganismes montrées au laboratoire et dans la nature soient montrées à l’echelle des temps géologiques.

Cet article de paléomicrobiologie méritait évidemment d’être publié, mais à mon humble avis il doit beaucoup à la chance d’avoir trouvé de l’ambre aussi ancienne, chance bien sûr exploitée par un travail certainement considérable et de qualité (microscopie électronique, identification…), mais par aucune réflexion innovante. Certes, je ne vais pas faire la fine bouche, je suis ravi de savoir que les capacités d’adaptation des microorganismes montrées au laboratoire et dans la nature soient montrées à l’echelle des temps géologiques.
1 Alexander R. Schmidt, Eugenio Ragazzi, Olimpia Coppellotti and Guido Roghi. A microworld in Triassic amber. Nature 444 835 (2006)
2L'opéron lactose est un ensemble de 3 gènes qui permet aux bactéries d'assimiler le lactose, un sucre du lait. Cet opéron est notamment crucial lorsque les bactéries colonisent le tube digestf d'un nourrisson ; il est donc retrouvé chez les bactéries de la flore digestive,également très présentes dans l'environnement.
2L'opéron lactose est un ensemble de 3 gènes qui permet aux bactéries d'assimiler le lactose, un sucre du lait. Cet opéron est notamment crucial lorsque les bactéries colonisent le tube digestf d'un nourrisson ; il est donc retrouvé chez les bactéries de la flore digestive,également très présentes dans l'environnement.
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