L'Histoire de la Terre
La Recherche, sans doute l'une des deux meilleures revues françaises de vulgarisation scientifique, a sorti son numéro hors-série intitulé "l'Histoire de la Terre". Je l'ai aussitôt acheté car je suis avide de Géologie, et tout particulièrement de synthèse quant à l'histoire de notre globe : quelle a été la chronologie complète de la dérive des continents? l'histoire des climats, des bascules de la planète ou de son champ magnétique? Et pourquoi ne pas superposer l'histoire géologique à l'histoire biologique? Bref, je m'attendais à une belle histoire de la Terre linéaire et synthétique, j'ai été déçu.
Dans ce numéro, il s'agit plus d'une revue des méthodes de la Géologie moderne appliquées à certaines problématiques, à l'éclairage de quelques coins d'ombre dans la chronologie. On y trouve des interviews de scientifiques, des pages entières sur les méthodes d'investigation dont ils disposent, quelques points de synthèse sur des principes de Géologie ("la remontée du magma") et bien sûr d'inévitable sujets d'actualité : les prémices d'un séisme et Google Earth, nouvel outil puissant et pas cher pour les géologues. Les éléments d'une chronologie complète du globe sont bien là, mais épars, ce qui demande beaucoup d'efforts et aussi de connaissances à celui qui voudra la reconstituer.
Une dernière petite morale, pour la route : cette "Histoire de la Terre" est sous-titrée "4,5 milliards d'années d'évolution". J'entends d'ici Etienne D. de mes connaissances s'étrangler de rage et fustiger "la propagande du CNRS". Il se trouvent que certaines des personnes qui contestent l'évolution des êtres vivants contestent aussi l'âge de la Terre et toutes les méthodes de datation, mais le mot "évolution" possède bien deux facettes différentes : la première est la facette biologique, la seconde est plutôt "astronomique". Alors que l'évolution biologique traite des changements héréditaires survenus dans les lignées vivantes par l'action du hasard, l'évolution astronomique traite des changements prédictibles car déterministes qui surviennent dans l'histoire d'une planète ou d'une étoile. Ainsi, selon sa masse, on sait prédire le devenir d'une étoile comme le soleil. Le titre de la revue dont il est question aujourd'hui est un des rares exemples où les deux sens prêtent un tant soit peu à confusion. Darwin lui-même ne souhaitait pas utiliser le terme "evolution", qui ne figure que dans les dernières phrases de l'Origine des Espèces et que probablement il souhaitait réserver au monde géologique. Je vous les restitue ici, mais sachez qu'elles sont (très bien) commentées dans le dernier livre de S. J. Gould, "Cette Vision de la Vie". Vous comprendrez vite le lien entre cette citation et le titre du dernier opus de Gould :
Dans ce numéro, il s'agit plus d'une revue des méthodes de la Géologie moderne appliquées à certaines problématiques, à l'éclairage de quelques coins d'ombre dans la chronologie. On y trouve des interviews de scientifiques, des pages entières sur les méthodes d'investigation dont ils disposent, quelques points de synthèse sur des principes de Géologie ("la remontée du magma") et bien sûr d'inévitable sujets d'actualité : les prémices d'un séisme et Google Earth, nouvel outil puissant et pas cher pour les géologues. Les éléments d'une chronologie complète du globe sont bien là, mais épars, ce qui demande beaucoup d'efforts et aussi de connaissances à celui qui voudra la reconstituer.
Une dernière petite morale, pour la route : cette "Histoire de la Terre" est sous-titrée "4,5 milliards d'années d'évolution". J'entends d'ici Etienne D. de mes connaissances s'étrangler de rage et fustiger "la propagande du CNRS". Il se trouvent que certaines des personnes qui contestent l'évolution des êtres vivants contestent aussi l'âge de la Terre et toutes les méthodes de datation, mais le mot "évolution" possède bien deux facettes différentes : la première est la facette biologique, la seconde est plutôt "astronomique". Alors que l'évolution biologique traite des changements héréditaires survenus dans les lignées vivantes par l'action du hasard, l'évolution astronomique traite des changements prédictibles car déterministes qui surviennent dans l'histoire d'une planète ou d'une étoile. Ainsi, selon sa masse, on sait prédire le devenir d'une étoile comme le soleil. Le titre de la revue dont il est question aujourd'hui est un des rares exemples où les deux sens prêtent un tant soit peu à confusion. Darwin lui-même ne souhaitait pas utiliser le terme "evolution", qui ne figure que dans les dernières phrases de l'Origine des Espèces et que probablement il souhaitait réserver au monde géologique. Je vous les restitue ici, mais sachez qu'elles sont (très bien) commentées dans le dernier livre de S. J. Gould, "Cette Vision de la Vie". Vous comprendrez vite le lien entre cette citation et le titre du dernier opus de Gould :
There is grandeur in this view of life, with its several powers, having been originally breathed into a few forms or into one; and that, whilst this planet has gone cycling on according to the fixed law of gravity, from so simple a beginning endless forms most beautiful and most wonderful have been, and are being, evolved.
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