Adolescence, comportement et anatomie du cerveau
L'adolescence est une phase de la vie humaine située entre l'enfance et l'âge adulte, bien connue pour la crise du même nom. D'un point de vue biologique, au-delà des modifications visibles de l'apparence, cette période se caractérise entre autres- par des changements neurobiologiques susceptibles d'influer sur le comportement. Voilà qui ne saurait étonner les parents d'adolescents qui ont expérimenté le phénomène, souvent à leurs dépens: cheveux longs, téléphone portable, rebellion généralisée. C'est peut-être en pensant à eux que des chercheurs australiens ont conduit cette étude publiée dans PNAS, dans laquelle ils s'intéressent au comportement affectif des adolescents vis-à-vis de leurs parents, et établissent un lien entre ce comportement et le volume de certaines parties du cerveau, l'amygdale et le lobe préfrontal.
Les chercheurs ont suivi 137 jeunes adolescents de 11 à 13 ans accompagnés d'un parent, leur mère pour la plupart. C'est là que ça devient drôle: pour susciter un comportement affectif négatif ("CAN", ou moins scientifiquement, "engueulade"), les facétieux expérimentateurs ont soumis le parent et son enfant (pardon, adolescent) à une discussion de type "résolution de problèmes" en leur demandant d'aborder des sujets susceptibles de semer la zizanie, spécialement choisis d'après d'autres travaux sur les relations parents-adolescents. Le contenu émotionnel et verbal des 20 minutes d'échange fut ensuite analysé et codé en termes de mépris, anxiété, approbation, provocation...
Vous objecterez sans doute qu'il est normal que les ados se montrent agressifs lorsqu'on leur propose une discussion sur le thème de leur propre insolence, qu'ils aient de grosses amygdales ou non. C'est exact, mais le paramètre intéressant n'est pas l'existence même d'un comportement négatif, mais sa durée. Le résultat principal de cet étude est le suivant : les jeunes sujets qui ont entretenu un comportement négatif le plus longtemps lors de cet échange avec leur parent avait en moyenne une amygdale plus importante. Ceci n'est pas une surprise complète, car cette région du cerveau a déjà été associée à l'agressivité, aux émotions, à la peur. Deuxièmement, les résultats présentent un biais selon le sexe des sujets, ce qui conduit les auteurs à forumler l'hypothèse (audacieuse, mais pas neuve) qu'il existe entre les adolescents et adolescentes une différence dans les bases neurales du comportement affectif, c'est-à-dire, pour faire simple, que les "circuits" des garçons et des filles seraient branchés différemment. Il existe bien d'autres explications possibles au biais observé, notamment hormonales et surtout culturelles, mais cette hypothèse mérite d'être testée, et expliquerait bien des choses: incompréhension partielle ou totale entre les deux sexes, hyperémotivité et achats compulsifs de chaussures.
Vous objecterez sans doute qu'il est normal que les ados se montrent agressifs lorsqu'on leur propose une discussion sur le thème de leur propre insolence, qu'ils aient de grosses amygdales ou non. C'est exact, mais le paramètre intéressant n'est pas l'existence même d'un comportement négatif, mais sa durée. Le résultat principal de cet étude est le suivant : les jeunes sujets qui ont entretenu un comportement négatif le plus longtemps lors de cet échange avec leur parent avait en moyenne une amygdale plus importante. Ceci n'est pas une surprise complète, car cette région du cerveau a déjà été associée à l'agressivité, aux émotions, à la peur. Deuxièmement, les résultats présentent un biais selon le sexe des sujets, ce qui conduit les auteurs à forumler l'hypothèse (audacieuse, mais pas neuve) qu'il existe entre les adolescents et adolescentes une différence dans les bases neurales du comportement affectif, c'est-à-dire, pour faire simple, que les "circuits" des garçons et des filles seraient branchés différemment. Il existe bien d'autres explications possibles au biais observé, notamment hormonales et surtout culturelles, mais cette hypothèse mérite d'être testée, et expliquerait bien des choses: incompréhension partielle ou totale entre les deux sexes, hyperémotivité et achats compulsifs de chaussures.
Tout ceci rappelle fortement la phrénologie, "science" du XIXème siècle qui consistait à prédire le caractère ou les aptitudes d'un individu à partir de la forme de son crâne (lire "Bouvard et Pécuchet" de Gustave Flaubert, où l'on trouve un bel exemple). Cette pratique a été abandonnée, devant l'évidence qu'il n'existe pas vraiment de "bosse des maths", et si l'on m'avait demandé s'il existait un rapport entre la morphologie du cerveau et le comportement, en tous cas à un stade non pathologique, j'aurais répondu "a priori, non". J'avais tort, car cette étude montre précisément le contraire. Attention, il n'est pas encore question d'une relation de cause à effet, seulement d'une corrélation. Il est en effet possible qu'un comportement et la morphologie cérébrale associée ne soit que deux conséquences indépendantes d'une même cause génétique ou environnementale.
Et l'éthique dans tout ça? On parle bien des bases biologiques de comportements qualifiés de "négatifs"! De mon côté, tant qu'on ne se sert pas de ces résultats pour lobotomiser les ados rebelles ou pour dépister les délinquants dès la maternelle, je suis content de les connaitre. J'espère juste qu'ils participeront à la compréhension générale du cerveau humain plutôt qu'à trouver des médicaments pour ados particulièrement difficiles. En contrepartie, avoir telle bosse dans le cerveau n'excuse pas les petits ingrats en scooter qui se montrent agressifs avec leurs pauvres vieux parents!
Et l'éthique dans tout ça? On parle bien des bases biologiques de comportements qualifiés de "négatifs"! De mon côté, tant qu'on ne se sert pas de ces résultats pour lobotomiser les ados rebelles ou pour dépister les délinquants dès la maternelle, je suis content de les connaitre. J'espère juste qu'ils participeront à la compréhension générale du cerveau humain plutôt qu'à trouver des médicaments pour ados particulièrement difficiles. En contrepartie, avoir telle bosse dans le cerveau n'excuse pas les petits ingrats en scooter qui se montrent agressifs avec leurs pauvres vieux parents!
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