Les bactéries sont-elles des êtres primitifs? (seconde partie)
Dans la partie précédente, nous avons vu que les bactéries pouvaient fort bien passer pour des formes de vie primitives, en raison de leur simplicité. Mais finalement, tout bien pesé, la simplicité implique-t-elle d'être primitif?
Lorsque j'évoquais la simplicité du modèle bactérien, je me suis concentré sur l'organisation de la cellule, négligeant volontairement un aspect crucial : le métabolisme. Prises dans leur ensemble, les bactéries sont virtuellement capables d'exploiter toute source de matière organique à la surface de la Terre (et quand je dis "toute source", je veux aussi dire "les sources naturelles et les autres"). La variété des métabolismes que l'on rencontre chez les bactéries est proprement hallucinante et rabaisse les mammifères, pourtant "complexes", au rang d'apprentis métabolisateurs.
Le meilleur et le plus simple argument pour soutenir la thèse selon laquelle les bactéries ne sont pas "primitives" est le suivant : des milliards d'années se sont écoulés depuis, un temps très long même à l'échelle géologique, pendant lequel les bactéries ont continué d'évoluer. Les bactéries actuelles ne sont pas les bactéries "ancestrales" qui furent à l'origine des Eucaryotes et des Procaryotes que nous connaissons. Les arbres évolutifs ont longtemps adopté une organisation verticale, avec du bas vers le haut: Archéobactéries -> Eubactéries -> Eucaryotes unicellulaires -> Eucaryotes pluricellulaires, propageant l'idée que les espèces actuelles qui nous paraissent simples sont identiques à nos lointains ancêtres. C'est le même raisonnement qui fait du chimpanzé l'ancêtre de l'homme, alors que la "vérité" est toute autre: le chimpanzé et l'homme ont un ancêtre commun assez récent, et sont donc des cousins peu éloignés au sein de la famille des primates.
Reste la question des Archées, anciennement "Archéobactéries". Les Archées hyperthermophiles sont les meilleurs candidats de bactéries "primitives", car elle s'épanouissent dans des environnements extrêmes qui ont peut-être été les premiers berceaux de la vie, comme les fumeurs noirs, les sources hydrothermales... Mais la génétique nous montre que ce caractère hyperthermophile n'est pas un reliquat de la vie primitive, mais au contraire a été réinventé plusieurs fois de manières indépendantes par ces bactéries pour coloniser ces niches écologiques. Ainsi, loin d'être restées figées, même les Archées ont évolué depuis les orgines de la vie cellulaire.
Lorsque j'évoquais la simplicité du modèle bactérien, je me suis concentré sur l'organisation de la cellule, négligeant volontairement un aspect crucial : le métabolisme. Prises dans leur ensemble, les bactéries sont virtuellement capables d'exploiter toute source de matière organique à la surface de la Terre (et quand je dis "toute source", je veux aussi dire "les sources naturelles et les autres"). La variété des métabolismes que l'on rencontre chez les bactéries est proprement hallucinante et rabaisse les mammifères, pourtant "complexes", au rang d'apprentis métabolisateurs.
Le meilleur et le plus simple argument pour soutenir la thèse selon laquelle les bactéries ne sont pas "primitives" est le suivant : des milliards d'années se sont écoulés depuis, un temps très long même à l'échelle géologique, pendant lequel les bactéries ont continué d'évoluer. Les bactéries actuelles ne sont pas les bactéries "ancestrales" qui furent à l'origine des Eucaryotes et des Procaryotes que nous connaissons. Les arbres évolutifs ont longtemps adopté une organisation verticale, avec du bas vers le haut: Archéobactéries -> Eubactéries -> Eucaryotes unicellulaires -> Eucaryotes pluricellulaires, propageant l'idée que les espèces actuelles qui nous paraissent simples sont identiques à nos lointains ancêtres. C'est le même raisonnement qui fait du chimpanzé l'ancêtre de l'homme, alors que la "vérité" est toute autre: le chimpanzé et l'homme ont un ancêtre commun assez récent, et sont donc des cousins peu éloignés au sein de la famille des primates.
Reste la question des Archées, anciennement "Archéobactéries". Les Archées hyperthermophiles sont les meilleurs candidats de bactéries "primitives", car elle s'épanouissent dans des environnements extrêmes qui ont peut-être été les premiers berceaux de la vie, comme les fumeurs noirs, les sources hydrothermales... Mais la génétique nous montre que ce caractère hyperthermophile n'est pas un reliquat de la vie primitive, mais au contraire a été réinventé plusieurs fois de manières indépendantes par ces bactéries pour coloniser ces niches écologiques. Ainsi, loin d'être restées figées, même les Archées ont évolué depuis les orgines de la vie cellulaire.
Figure 2 : bactérie moderne

La véracité de l'idée reçue "les bactéries sont des organismes primitifs" dépend donc de la définition du terme "primitif". Si l'on considère que les bactéries partagent beaucoup de caractères avec les premiers organismes vivants (dont l'unicellularité, l'absence de noyau...), alors oui, les bactéries sont des organismes primitifs parce qu'elles présentent des caractères primitifs. D'autre part, on peut vouloir souligner que les bactéries d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes organismes qui vivaient sur terre il y a trois milliards d'années, qu'elles sont comme nous le produit d'une longue évolution, et qu'elles ne sont donc pas des fossiles vivants. En tant qu'organismes à part entière et non comme la somme de caractères, les bactéries contemporaines ne sont pas primitives. Elles sont très différentes de celles qui ont effectivement vécu dans le passé et qui sont leurs ancêtres.
En somme, cette idée reçue procède d'une autre, bien connue : "l'évolution biologique mène au progrès", fausse, comme le montre l'évolution de nombreux parasites vers une simplicité maximale! Néanmoins, nous conservons l'illusion que l'évolution implique un accroissement de la complexité, un progrès continuel dont nous serions l'aboutissement.
En somme, cette idée reçue procède d'une autre, bien connue : "l'évolution biologique mène au progrès", fausse, comme le montre l'évolution de nombreux parasites vers une simplicité maximale! Néanmoins, nous conservons l'illusion que l'évolution implique un accroissement de la complexité, un progrès continuel dont nous serions l'aboutissement.
Note de bas de page : mon dessinateur favori est en ce moment occupé à bâtir un monde meilleur, c'est pourquoi j'ai moi-même réalisé les naïfs petits dessins qui ornent cette page. Le résultat n'est sans doute pas au rendez-vous, mais j'ai fait de mon mieux, tout seul avec keynote et photoshop.
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