Recherche, mandarins et petits chouchous à l'université
En idéaliste romantique que je suis, j'avais écarté le sujet dans les billets qui traitaient des carrières scientifiques, mais un commentaire m'avait vite rappelé à l'ordre: le recrutement des chercheurs n'est pas toujours objectif, ne se fonde pas exclusivement sur la valeur scientifique du candidat (ses publications, voulais-je dire). Ainsi, il peut arriver que les chercheurs composant les jurys de recrutement rendent service à un copain en favorisant son candidat. De même, des rumeurs quant à une "mafia marseillaise" au CNRS vont bon train. Ne comptez pas sur moi pour confirmer ou infirmer ce bruit de labo (je nage très mal avec des palmes en ciment), mais si vous avez des témoignages, n'hésitez pas à les partager.
Ces travers ont toujours été connus, mais il faut un petit évènement pour qu'un quotidien national s'y intéresse, à savoir la démission d'un maître de conférence de sociologie à l'université de Lille, Xavier Dunezat.Quand on sait les difficultés que l'on rencontre pour arriver à ce poste, le nombre très réduit de places en sociologie (il n'y a pas de CEA ou d'INRA de la socio!), démissioner est assurément un acte surprenant. Le démissionnaire a rendu sa démarche plus lisible par le grand public et les médias en publiant (ou en laissant publier) une lettre, disponible ici, dans laquelle il dénonce les vicissitudes de l'université. Je vous avertis, ce texte relève plus du reportage, du tract et de la thèse que du style épistolaire, et le féminisme proclamé de l'auteur rend la lecture un tant soit peu difficile (usage intensif des "-e-s" pour ne pas avoir recours au masculin pluriel, etc.). Cette lettre a été reprise d'abord sur le blog de Baptiste Coulmont puis dans un article du Monde, qui lui-même reprend les mots d'un commentaire de Tom Roud! J'aurais dû m'en douter; toujours dans les mauvais coup celui-là!
Xavier Dunezat dénonce ainsi:
1) la partialité du recrutement des maîtres de conférence, à la lumière de sa propre expérience. Quelles que soit ses critiques envers l'université, Xavier Dunezat assure démissionner avant tout parce qu'il "n'assumait plus la manière dont il avait été recruté".
2) le désert relationnel de l'université, du point de vue d'un enseignant-chercheur
3) le manque d'implication des maîtres de conférence et des professeur dans l'enseignement (pourquoi serait-ce étonnant, alors qu'on ne les recrute que par et pour la recherche?)
Je vous recommande la lecture de cette lettre, ne serait-ce que parce qu'elle relate le parcours d'un universitaire, et, en filigrane, des doctorants et chercheurs qu'il a croisés. Ce témoignage est donc bon à prendre, mais pas dans son intégralité; la noirceur du tableau dépend non seulement du contexte (telle université et telle commission), mais aussi de la personnalité de l'auteur, qui par exemple ne croit à aucune forme de sélection dans l'enseignement supérieur à quelque niveau que ce soit, et, de manière générale, reste assez marqué par ses convictions politiques ("L’université m’a aussi fait peur parce que je savais qu’il faudrait un jour que je me transforme en patron, et je ne crois pas aux « patrons gentils »…).
En guise d'épilogue, Xavier Dunezat est parti enseigner en lycée (ce que lui permet l'agrégation) une porte de sortie qui n'est malheureusement pas à la portée de tous les chercheurs.
Ces travers ont toujours été connus, mais il faut un petit évènement pour qu'un quotidien national s'y intéresse, à savoir la démission d'un maître de conférence de sociologie à l'université de Lille, Xavier Dunezat.Quand on sait les difficultés que l'on rencontre pour arriver à ce poste, le nombre très réduit de places en sociologie (il n'y a pas de CEA ou d'INRA de la socio!), démissioner est assurément un acte surprenant. Le démissionnaire a rendu sa démarche plus lisible par le grand public et les médias en publiant (ou en laissant publier) une lettre, disponible ici, dans laquelle il dénonce les vicissitudes de l'université. Je vous avertis, ce texte relève plus du reportage, du tract et de la thèse que du style épistolaire, et le féminisme proclamé de l'auteur rend la lecture un tant soit peu difficile (usage intensif des "-e-s" pour ne pas avoir recours au masculin pluriel, etc.). Cette lettre a été reprise d'abord sur le blog de Baptiste Coulmont puis dans un article du Monde, qui lui-même reprend les mots d'un commentaire de Tom Roud! J'aurais dû m'en douter; toujours dans les mauvais coup celui-là!
Xavier Dunezat dénonce ainsi:
1) la partialité du recrutement des maîtres de conférence, à la lumière de sa propre expérience. Quelles que soit ses critiques envers l'université, Xavier Dunezat assure démissionner avant tout parce qu'il "n'assumait plus la manière dont il avait été recruté".
2) le désert relationnel de l'université, du point de vue d'un enseignant-chercheur
3) le manque d'implication des maîtres de conférence et des professeur dans l'enseignement (pourquoi serait-ce étonnant, alors qu'on ne les recrute que par et pour la recherche?)
Je vous recommande la lecture de cette lettre, ne serait-ce que parce qu'elle relate le parcours d'un universitaire, et, en filigrane, des doctorants et chercheurs qu'il a croisés. Ce témoignage est donc bon à prendre, mais pas dans son intégralité; la noirceur du tableau dépend non seulement du contexte (telle université et telle commission), mais aussi de la personnalité de l'auteur, qui par exemple ne croit à aucune forme de sélection dans l'enseignement supérieur à quelque niveau que ce soit, et, de manière générale, reste assez marqué par ses convictions politiques ("L’université m’a aussi fait peur parce que je savais qu’il faudrait un jour que je me transforme en patron, et je ne crois pas aux « patrons gentils »…).
En guise d'épilogue, Xavier Dunezat est parti enseigner en lycée (ce que lui permet l'agrégation) une porte de sortie qui n'est malheureusement pas à la portée de tous les chercheurs.
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